Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Marché musulman
2 février 2006

Fortis songe au marché musulman (05/01/2006) © DE

Fortis songe au marché musulman (05/01/2006)
© DE TESSIERES
Le groupe belgo-néerlandais envisage des placements respectant les règles de l'islam

BRUXELLES La notion de crédit et d'intérêt est très complexe au sein du monde musulman. Mais la règle de base est simple: l'argent ne peut pas rapporter d'argent!

Déjà présent dans le domaine des assurances en Malaisie, où un partenariat de bancassurance a été développé avec Maybank, la plus grande banque du pays, Fortis songe à présent à lancer sur le marché belge des produits répondant aux principes dictés par le Coran. «Mais Fortis n'a pour l'instant aucun projet précis en matière de produits destinés aux musulmans. Nous ne faisons qu'observer le secteur», s'empresse-t-on de répondre du côté du géant financier.

Au vu de l'expérience acquise en Malaisie en matière de conseils financiers à destination des musulmans, il y a cependant fort à parier que Fortis n'attendra pas que la concurrence se lance sur le marché. D'autant que Deutsche Bank propose déjà des produits financiers spécifiques pour musulmans sur le marché de Genève. Et vu le succès remporté par de tels placements auprès de la communauté musulmane, il apparaît clairement que cette nouvelle niche recèle un important potentiel de développement. Hans-Jürgen Koch, directeur de la Deutsche Bank en Suisse, déclarait d'ailleurs dans les colonnes d'un quotidien allemand que «la demande de produits financiers conformes à l'islam est de loin supérieure à l'offre actuelle». Il évaluait même le potentiel de croissance du secteur à 15%, tablant sur un marché mondial de 1,4 milliard de musulmans à travers le monde.

Pour attirer cette clientèle particulière, les produits financiers doivent être adaptés. Difficile, lorsqu'on intègre la notion d'intérêt, ou de rendement, d'inciter un client musulman à confier son argent à une banque, en lui proposant un intérêt... nul. En revanche, il n'est pas interdit de lui proposer de reverser les intérêts dégagés aux pauvres.

En termes de secteurs d'investissements, les banques pourraient également offrir des placements spécifiques tels que les fonds de placement respectant l'éthique islamique et excluant de facto toute entreprise active dans des domaines tels que l'alcool, le sexe, les jeux de hasard ou l'industrie du tabac.

La concurrence passe aussi par la diversification. Et si Fortis reste pour l'instant fort muet sur ses intentions, il y a cependant fort à parier que ces nouveaux produits apparaîtront très bientôt sur le marché.

La finance version hallal

BRUXELLES Selon l'islam, il est permis de s'enrichir en vendant des biens ou des services, mais pas en percevant de l'intérêt. L'islam décrit l'intérêt comme le surplus qui est perçu lors du remboursement d'un prêt et qui avait été stipulé comme condition. L'intérêt est donc présent dans un prêt dès qu'il y a un surplus par rapport à la somme initiale (le prix fixé dans le cas d'une vente, ou la somme prêtée dans le cas d'un prêt), que ce surplus est la pure contrepartie du délai et qu'il fait l'objet d'une condition dans la transaction.

Par ailleurs, si l'islam a interdit de percevoir de l'intérêt sur les prêts, il a aussi interdit de contracter un emprunt à intérêt et de verser cet intérêt. Aucune circonstance exceptionnelle ne peut autoriser la pratique du prêt à intérêt. Par contre, dans un cas de nécessité absolue, une personne peut être amenée exceptionnellement à avoir recours à l'emprunt à intérêt. Les conditions en sont malgré tout très sévères et cela ne peut être traité qu'au cas par cas par le mufti. Enfin, le prophète a aussi interdit d'écrire des contrats de prêts à intérêt et de servir de témoin à de tels contrats.

Mais si l'intérêt est interdit, la location ne l'est pas, à l'exception bien sûr de la location de monnaie, eu égard à son statut particulier. Selon l'islam, qu'on la possède ou qu'on l'ait empruntée, qu'elle soit sous forme de pièces ou de billets, la monnaie ne peut pas être utilisée par elle-même, mais doit nécessairement, pour pouvoir être utilisée, être échangée contre un autre bien que possède une autre personne. Or, la valeur de la monnaie ne diminue pas à cause de cet échange et de cet usage, contrairement aux autres biens qui sont loués. La contrepartie n'a donc pas de raison d'être selon les règles de la loi islamique.

Par contre, il est tout à fait possible d'acheter une voiture ou un autre bien sans débourser la somme intégrale au moment de l'achat. Dans ce cas, il ne s'agit pas d'un crédit, l'organisme chargé de gérer la transaction devenant l'acheteur principal, revendant ensuite au client final le bien convoité tout en prélevant au passage une commission pour ce service rendu. Soit un bien de 10.000 euros, revendu 12.000 euros immédiatement, prêtés à l'acheteur sans intérêt (12 mensualités de 1.000 euros), par exemple. La notion d'intérêt se retrouve ainsi éludée.

© La Dernière Heure 2006


V. S.

© La Dernière Heure 2006

Publicité
Publicité
Commentaires
Marché musulman
Publicité
Publicité