Le groupe belgo-néerlandais envisage des placements respectant les règles de l'islam
BRUXELLES La notion de crédit et d'intérêt est très complexe au sein du monde musulman. Mais la règle de base est simple: l'argent ne peut pas rapporter d'argent!
Déjà présent dans le domaine des assurances en Malaisie, où un partenariat de bancassurance a été développé avec Maybank, la plus grande banque du pays, Fortis songe à présent à lancer sur le marché belge des produits répondant aux principes dictés par le Coran. «Mais Fortis n'a pour l'instant aucun projet précis en matière de produits destinés aux musulmans. Nous ne faisons qu'observer le secteur», s'empresse-t-on de répondre du côté du géant financier.
Au vu de l'expérience acquise en Malaisie en matière de conseils financiers à destination des musulmans, il y a cependant fort à parier que Fortis n'attendra pas que la concurrence se lance sur le marché. D'autant que Deutsche Bank propose déjà des produits financiers spécifiques pour musulmans sur le marché de Genève. Et vu le succès remporté par de tels placements auprès de la communauté musulmane, il apparaît clairement que cette nouvelle niche recèle un important potentiel de développement. Hans-Jürgen Koch, directeur de la Deutsche Bank en Suisse, déclarait d'ailleurs dans les colonnes d'un quotidien allemand que «la demande de produits financiers conformes à l'islam est de loin supérieure à l'offre actuelle». Il évaluait même le potentiel de croissance du secteur à 15%, tablant sur un marché mondial de 1,4 milliard de musulmans à travers le monde.
Pour attirer cette clientèle particulière, les produits financiers doivent être adaptés. Difficile, lorsqu'on intègre la notion d'intérêt, ou de rendement, d'inciter un client musulman à confier son argent à une banque, en lui proposant un intérêt... nul. En revanche, il n'est pas interdit de lui proposer de reverser les intérêts dégagés aux pauvres.
En termes de secteurs d'investissements, les banques pourraient également offrir des placements spécifiques tels que les fonds de placement respectant l'éthique islamique et excluant de facto toute entreprise active dans des domaines tels que l'alcool, le sexe, les jeux de hasard ou l'industrie du tabac.
La concurrence passe aussi par la diversification. Et si Fortis reste pour l'instant fort muet sur ses intentions, il y a cependant fort à parier que ces nouveaux produits apparaîtront très bientôt sur le marché.